Au Pays des Potirons Read online

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" Merryl demanda de plus en plus confuse par les explications du Potironet.

  Le Potironet hocha la tête d’un air de tristesse. Avec sa patte droite, il pointa dans la direction du jardin de Mme Chrome.

  «Il m'a fallu deux jours pour savoir quand Idris, la fée viendrait et huit jours pour arriver ici. J'ai réussi à éviter de nombreux pièges sans mentionner mes rencontres avec les Chats Pardeurs et maintenant ça va me prendre deux jours entiers pour revenir sur mes pas. Jamais je serais à l’heure pour quand elle arrivera ! Et elle doit arriver ce soir !! Et tout ce chemin à parcourir encore ! Et tout ce temps perdu à te parler ! » dit-il irrité.

  "Oh, je suis désolé! Je ne voulais pas te retarder ! Où est la maison de ce M. Ballou ? "

  Il regarda au-delà de la maison de Mme Chrome avec des yeux perdus.

  Elle leva la paume en l'air pour qu'il puisse mieux voir le chemin à parcourir.

  "Ah là-bas! " dit-il en montrant une sorte d’arbre rouge qui se trouvait derrière le jardin de Mme Chrome.

  " Mais ce n’est qu’à quelques pas ! " dit Merryl .

  Les lèvres du Potironet se retroussèrent et ses yeux lancèrent des éclairs.

  « Deux pas, raaaah woah woah! » dit-il en aboyant.

  Merryl rougit réalisant son erreur.

  « Ah oui, je veux dire deux pas pour moi ! Mais je peux t’aider moi ! Je peux t’emmener !

  - Et pourquoi ferais-tu ça ?

  - Euh parce que je t’ai fait perdre du temps…et puis, si je t’aide, tu me montreras ton Pays ? »

  Le Potironet ne dit rien. Il parut même surpris. Il tourna trois fois sur lui, regarda le long chemin qu’il avait à parcourir et capitula.

  « D’accord. Mais quand peux-tu m’emmener ?

  « Maintenant si tu veux! » proposa Merryl/

  Tinbred se mit à aboyer de façon plus joyeuse.

  « Alors allons-y ! » dit Merryl. Elle le plaça sur le devant de la poche de sa jupe et se mit en marche vers la périphérie de son jardin.

  Chapitre 2 : A l’aventure.

  Merryl atteint la barrière en bois autour de son jardin. Elle passa en dessous de la barrière et traversa le jardin de Mr Chrome. De temps en temps, elle regardait Tinbred qui ne disait rien. Depuis quelques minutes, il était plus calme et ses lèvres étaient retroussées. Si Merryl connaissait mieux les Potironets, elle aurait su qu’il souriait.

  « Hé, tu ne m’as pas dit ton prénom ? » demanda Merryl tout en marchant.

  « Moi, c’est Merryl, » dit-elle en regardant à la dérobée le Potironet.

  « Moi, c’est Tinbred, » grogna Tinbred. De ses courtes jambes mais tout de même bien plus longues que celle du Potironet, elle atteint l’autre extrémité du jardin.

  « Peux-tu marcher plus droit ? » demanda Tinbred.

  « Pourquoi ? »

  « Pour rien ! » dit Tinbred se cramponnant à la poche de sa jupe. Merryl lui lança un regard de côté et remarqua que Tinbred était pâle.

  . Elle le prit et le plaça à la gauche de son épaule.

  « Ça va mieux comme ça ? »

  Pour toute réponse, il émit un aboiement plus joyeux.

  Elle marcha tout droit jusqu’à un petit portillon qui donnait accès à un immense.

  « Donc là on est dans le jardin de Mr Tirlinbanbou ? »

  Tinbred fit oui de la tête. C’était un jardin immense, on aurait d’ailleurs plus dit qu’il ressemblait à un champ. Il possédait pleins d’angles bizarres. Il y avait de grands et de petits arbres, de nombreuses fleurs sauvages et beaucoup de broussailles. Le jardin s’étendait jusqu’au début d’un petit bois.

  « Wow ! Dis donc, il est très désordonné son jardin ! Je comprends pourquoi tu as mis du temps à venir jusqu’ici ! Tu veux que je te laisse où ? » dit-elle d’un air déjà un peu triste.

  Sur la droite non loin d’une terrasse jonchée de mousse, il y avait un grand arbre aux feuilles rouges au bout duquel pendait un carillon de bambous. Les yeux de Tinbred étincelèrent.

  « C’est là ! C’est le point de rendez-vous » fit-il.

  « Oh, flûte, mince, non… »

  Merryl venait de déchirer quelques pans de sa jupe avec les rebelles ronces qui trainaient par dizaine dans le jardin.

  « Pierrette ne va pas être contente… » dit Merryl à voix basse. Mais elle continua à s’approcher de la terrasse tant bien que mal. Par certains endroits la végétation lui arrivait jusqu’à la taille.

  « A quelle heure est le rendez-vous ? » demanda-t-elle se battant contre les ronces par endroits.

  Il la regarda perplexe.

  "Quand est-ce que qu’est le rendez-vous?" répéta Merryl.

  Il ne dit rien. Il leva les yeux au ciel. Puis, il baissa les yeux.

  «Dans deux heures peut être" grogna Tinbred.

  « Que vas-tu faire en attendant ? »

  « Je vais manger, regarder le soleil se coucher. Et prier. Oui, prier pour que ça marche ! Je n’ai plus que ça à faire.

  - Et si le chat Pitre revient ?

  - Dépose-moi sur une des branches les plus hautes et ça devrait aller.

  - Mais les chats, ça monte aux arbres ! » dit Merryl inquiète.

  « Oui, mais ils ne monteront qu’un à la fois ! Et j’ai ça!» dit Tinbred d’un ton vif.

  Il sortit de son sac la petite aiguille.

  « Je leur ferais goûter de mon couteau ! »

  «  Non, non, il vaut mieux que je reste avec toi jusqu’à ce que la fée arrive, » proposa Merryl. Elle commençait à s’inquiéter de ses Chats soit disant Pardeurs et ses mauvais Rats Iboisés.

  « Non ! Absolument pas ! Tu ne peux pas rester. Tu m’as promis ! Elle ne se montre pas aux inconnus ! Et je ne peux pas prendre le risque de la faire fuir à cause de toi ! »

  Tinbred gronda sourdement en direction de Merryl.

  « Calme-toi. D’accord. Je comprends, » dit Merryl d’un ton apaisant.

  Tinbred piaffa et tourna sur lui-même.

  « Okay je vais partir, » dit-elle tristement.

  « Tu comprends : il en va de notre survie ! » grommela-t-il. « Et puis, on s’inquiètera sûrement chez toi ! »

  Merryl n’y avait pas pensé. Papa serait inquiet. La maman de Merryl était morte il y a un an. Et Papa ou Daddy comme elle l’appelait encore de temps en temps parce qu’il était anglais. Il était venu vivre en France, ici, à Etampes, dans l’Essonne il y a plus de dix ans. Et malheureusement il y a un an, il avait rencontré Mademoiselle Carbure. Elle vivait maintenant tout le temps à la maison.

  Elle n’aimait pas l’appeler Pierrette. Pierrette parlait trop fort.

  « Oui mais elle a un joli cœur, » répétait souvent Daddy.

  « Elle a des gestes brusques ! » répétait alors Merryl.

  « Mais c’est parce qu’elle vient de la campagne, » disait papa. « Et puis une deuxième maman c’est mieux que pas de maman du tout, non ? »

  « Non, une deuxième maman ne sera jamais comme une vraie maman ! »

  Elle secoua sa tête pour échapper à ses tristes pensées. Elle regarda le soleil qui accélérait sa course vers l’horizon.

  « J’aurais bien voulu continuer l’aventure avec toi et t’aider. Et voir une vraie fée pour de vrai… » dit Merryl tout à coup. Tinbred secoua sa collerette et grogna.

  « Mais j’ai promis. Et je tiendrais promesse… » dit Merryl.

  « Je peux, je suppose, essayer, de demander de la poudre de confiance à Mr Ballou. Il me doit bien ça. C’est comme ça qu’il a apprivoisé la fée Idris. »

  Le visage de Merryl s’illumina.

  « Oh vraiment ? C’est possible ? Tu es sûr? »

  Il grogna un moment mais fit oui du museau.

  « Ah c’est trop cool ça! Merci ! »

  Tinbred aboya et grogna à la fois. Merryl sursauta.

  « Tu es contrarié ?

  « Non ! » piaffa Tinbred.

  « Alors pourquoi aboies-tu si souvent? »

  « C’est juste ma fa�
�on de parler. Je suis sûr que tu l’auras remarqué. Certains humains aussi aboient. Ça ne veut pas dire qu’ils sont en colère »

  Merryl ne l’avait jamais vu de cette façon. C’est vrai qu’en y réfléchissait Pierrette aboyait mais Merryl avait toujours l’impression que Pierrette était en colère contre elle.

  Merryl secoua ses jolies boucles brunes.

  « Je ne crois pas que ça soit pareil avec nous, humains! » dit finalement Merryl.

  «Têtue, » aboya Tinbred d’un ton bourru mais ses yeux souriaient. « Je peux te prouver que je peux être de bonne volonté! Allons, frappe à la porte de Mr Ballou: deux coups longs un coup court et un coup long. Je dois longuement lui parler de toutes manières. »

  Mr Ballou était noir. Il avait un drôle d’accent chantant quand il parlait. Des tresses tombaient sur ses vêtements colorés. Elle avait installé Tinbred sur la table de la terrasse et s’était éloignée pour les laisser parler.

  Cependant elle pouvait l’entendre grogner et aboyer tout en racontant ses aventures. Il semblait bien énervé. Mr Ballou riait de temps en temps mais vers la fin du discours, il ne riait plus du tout.

  Merryl se rapprocha d’eux malgré elle.

  «Il y a un problème ? » demanda-t-elle timidement à Tinbred. Les moustaches de Tinbred frémissaient et les tresses de Tirlinbanbou s’agitaient maintenant de droite à gauche. Il ne semblait pas content.

  « Non, il n’y a pas de problème, » dit Tinbred. « J’ai juste dit à Mr Mr Ballou que nous arrêterions de lui fournir de la pâte à potirons qui fait rire vu qu’il ne prend pas nos problèmes très au sérieux.»

  Merryl n’osa pas demander ce qu’était la pâte à potirons qui fait rire.

  « Mais si, mais si, ami… » répondit Mr Ballou soudain triste.

  « Alors allez-vous mettre des attrapes-âmes à pendre à cette arbre comme nous te l’avons demandé ?

  « Bien sûr